mardi 18 décembre 2012

Ou étaient les 6 légions de César, en 53 avant JC? Près de Sens?


53 avant J-C, 6 légions romaines hivernent près d'Agendicum (Sens)

Mais où séjournaient ces six légions romaines ?
Au camp de César, à Château, près de Villeneuve sur Yonne,
selon S.P. Mayaud!
camp-romain-du-chateau-plan-bis.jpg
Plan du camp romain du Château à Villeneuve sur Yonne
(Source: Bulletin N°XIV, 1848
 de la Société Archéologique de Sens)
Au 19 ème siècle S.P. Mayaud dans une brillante étude topologique et stratégique du site de Château, rappelle le contexte de l'invasion de la Gaule par les Romains, et démontre que dans ces....
 "travaux grandioses, accomplis pour fortifier cette position avantageuse, il est facile de reconnaître la direction du général en chef. En effet, ce ne fut  qu'après avoir fait dresser son camp et pourvu aux approvisionnements de son armée, que César la quitta, pour se rendre en Italie"
Ce camp était immense, il dominait l'Yonne d'une hauteur de 176 mètres,
accessible par la voie romaine reliant Auxerre à Sens le long de la rive gauche
 "Le côté sud-est, qui reposait sur la crête du ravin, avait 680 mètres de longueur.......La fortification du côté sud-ouest avait 390 mètres de long........Le côté nord-ouest, long de 480 mètres, était aussi fortifié par une levée de terre....Le côté nord-est, long de 250 mètres, était également défendu par un retranchement, en avant duquel il y avait aussi un fossé dans toute sa longueur. Ce fossé avait 20 mètres de large...."
Ce camp était destiné au cantonnement de 6 légions,
c'est-à-dire 70 à 80 000 hommes, intendance incluse,
tout près d'Agendicum (Sens),
durant l'hiver 53 avant Jésus Christ.
C'est à partir de ce camp que Labiénus, lieutenant de César,
se dirige vers Lutétia (Paris) à la tête de 4 légions.

S.P. Mayaud a retenu l'hypothèse du site du Château
parmi d'autres possibles... 
telle celle du Camp César, ou Motte du Ciar au sud de Sens, 
ou encore celle de la Plaine de Passy  et de Véron....

La démonstration de S.P. Mayaud est convaincante
Ses recherches sont publiées
dans le Bulletin de la Société Archéologique de Sens,
tome XIV de 1888

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 bulletin-sas-1888-bis.jpg
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Extraits
RECHERCHES SUR LA POSITION DU CAMP DE CÉSAR
IN SENONUM FINIBUS AGENDICI
A CHATEAU COMMUNE DE VILLENEUVE-SUR- YONNE CAMP DE CHATEAU
par S.P. MAYAUD
 
A la convocation qui eut lieu au printemps de l'année 53, les Sénons, les Carnutes et les Trévires s'abstinrent d'y prendre part. Sommés de le faire au plus tôt, ils ne répondirent point. César en fut d'autant plus contrarié que ces peuples jouissaient d'une grande considération auprès des Gaulois et que leur opiniâtre refus avait produit sur l'assemblée une vive impression. Il déclara alors qu'il regardait le refus de ces trois nations comme un signal de guerre et de révolte ouverte contre le peuple romain. 
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Nous venons de voir, en terminant les observations préliminaires, qu'à la fin de sa cinquième campagne et après avoir tenu les Etats de la Gaule, à Durocortorum, où fut exécuté l'infortuné Acco, César avait laissé sur le territoire des Sénons, dans les environs de Agendicum, six légions pour y prendre leurs quartiers d'hiver. Le texte des Commentaires est précis et ne laisse l'ombre du doute ; mais jusqu'à présent on n'a pas encore déterminé l'emplacement sur lequel avait été établi le camp romain ; les recherches faites dans ce but n'ont abouti à aucun résultat péremptoire de nature à lever toute incertitude en fixant l'opinion des savants. Frappé de cette lacune, et quoique étranger au pays, j'ai voulu, en apportant mon faible concours, contribuer à élucider un point obscur de la géographie historique, d'une certaine importance. Je me suis livré à de nouvelles recherches pour tâcher de faire faire un pas de plus à cette intéressante question. J'ai examiné les lieux où j'ai cru reconnaître des indices ou marques du passage des Romains. Je les ai décrits tels qu'ils me sont apparus, en y apportant une scrupuleuse attention, et en m'inspirant des travaux de mes devanciers ; puis j'ai essayé, à l'aide de matériaux encore existant, d'en déduire les conséquences qui semblent devoir en découler naturellement. Chaque légion se composait alors de 6000 fantassins et de 600 cavaliers, les six légions représentaient donc un effectif de 36 000 fantassins et de 3 600 cavaliers. Il faut ajouter pareil nombre pour le corps des auxiliaires, au moins aussi considérable que ceux de la légion ; ce qui donne une agglomération de 70 à 80000 hommes sur un même point. Or, pour contenir une armée de cette importance, il fallait un camp d'une grande étendue.
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Parmi les savants qui ont étudié la position du camp de César, les uns l'ont placé à la Motte-du-Ciar, d'autres à Véron. Ces deux opinions semblent aussi peu fondées l'une que l'autre. L'emplacement désigné sous le nom de Motte-du- Ciar se trouve situé à douze cents mètres des murs de la ville de Sens, sur les bords de la Vanne. On y a découvert des pierres sculptées, des fragments de colonnes cannelées, des débris de corniches et des moulures en marbre, des morceaux de marbre rouge et vert, taillés de manière à former par leur réunion des compartiments carrés. Tous ces débris indiquent bien des restes d'édifices somptueux, qui ont été l'ouvrage des Romains, mais qui ne peuvent convenir à un camp de la nature de celui dont nous recherchons la position. ...............................................................
M. l'abbé Clienot, dans son Histoire de Véron, page 83, place le camp de César à Véron. « Ce camp, dit-il, aurait eu une grande importance « à cause de sa position aux portes de Sens et de sa « situation auprès d'une voie romaine, au milieu d'un « marais entouré de fossés pleins d'eau, que la rivière « entretenait naturellement. »
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La Motte-du-Ciar et Véron se trouvant écartés, en tant que camp dans lequel César aurait placé ses six légions, pour y prendre leurs quartiers d'hiver, il nous reste à rechercher une nouvelle position qui réunisse toutes les qualités stratégiques requises pour l'assiette d'un camp de cette importance, comme le général romain aimait à les établir, c'est-à-dire à l'abri de toute surprise et entourés de ce qui pouvait contribuer au bien-être, tout en facilitant la défense. Du plateau qui domine la rive gauche de l'Yonne se détache une masse imposante, connue sous le nom de Montagne-de-Château, qui, comme un vaste promontoire, s'avance sur la vallée, de laquelle elle est séparée par une pente escarpée, coupée presque à pic, et qui, du sud et de l'est, l'enveloppe entièrement d'un profond ravin. Au nord, il existe aussi une côte rapide, mais moins escarpée que la précédente. De ce point, élevé d'environ 176 mètres, la vue embrasse un panorama des plus ravissants par la forme et la variété de ses sites. Au bas de la côte se trouve la vallée, à laquelle la rivière et deux grandes artères, emblème de la vie, la route nationale et la voie ferrée, donnent beaucoup d'animation. , On a devant soi la petite ville de Villeneuve-sur-Yonne, coquettement posée sur les bords de la rivière, entourée de la double couronne que lui font ses jolies promenades et les brillantes villas qui viennent se grouper autour. 
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Tels sont, Messieurs, les résultats des nouvelles recherches que j'ai faites. Je désire qu'ils puissent contribuer à déterminer définitivement l'emplacement sur lequel se trouvait le camp de César, in Senonum finibus Agendici. Je suis convaincu qu'après avoir visité le camp de Château et admiré les retranchements formidables qui existent encore, tout esprit judicieux et impartial n'hésitera pas à se prononcer en faveur de ce lieu. 
Le mur Romain de la Motte du Ciar en 1837
(Situé dans la plaine Champbertrand actuelle, au sud de Sens, près de l'Yonne)
mur-motte-du-ciar-1837-bis.jpg
Ce qu'en dit S.P. Mayaud... 
(Source: Bulletin N°XIV, 1848
 de la Société Archéologique de Sens)
Extrait 
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M. Lallier a cru reconnaître dans la Motte-du-Ciar un camp prétorien ou une forteresse. D'autres y ont vu les restes d'un temple des Cérès, ou d'un établissement de bains.
' C'était un immense édifice, nous dit M. Victor Petit, dans son Guide pittoresque des voyageurs dans la ville de Sens, qui n'offre plus qu'un amas informe de décombres, couvrant une partie du sol qui s'étend " le long de la rive gauche de la Vanne, jusqu'à son embouchure dans l'Yonne. De larges fondations qui s'étendent sur des champs pierreux, quelques cavités voûtées et aussi un mur de circonvallation de plus de 400 mètres de diamètre témoignent de l'étendue et de l'importance de cet édifice. Quelques mètres seulement de ce mur sont restés debout près de la rivière de la Vanne, qu'il semblait devoir traverser. "
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Son appareil est absolument le même que celui des murailles d'enceinte de la ville. On retrouve plus loin les fondations d'un autre mur droit traversant également la Vanne et se dirigeant vers la ville. En 1847, le congrès archéologique de France tint à Sens, un concours, sous la présidence de M. de Cau-mont ; le savant antiquaire, après avoir visité la Motte-du-Ciar, répondit aux personnes qui l'interrogeaient sur la nature de ces ruines, qu'il ne pouvait y voir l'emplacement d'un camp ; mais que la forme, l'étendue et diverses circonstances , qu'il pourrait faire connaître plus tard, le portaient à regarder ces ruines comme ayant appartenu à des bains. Et, ajouta-t-il, les bains de Dioclétien, à Rome, affectent la même forme.
A la même époque, M. Achille Leclerc, membre de l'Institut, ayant eu occasion de se rendre à Sens et de voir la Motte-du-Ciar, reconnut que les espaces vides, signalés par M. Lallier, dans un mémoire lu au congrès, avaient été autrefois remplis par des pierres de taille qui formaient, selon toute apparence, le soubassement de colonnes destinées à soutenir et à ordonner quelque remarquable édifice.
Le luxe déployé dans la construction de l'édifice de la Motte-du-Ciar, les restes des marbres, des statues trouvées, indiquent un riche monument plutôt qu'un camp, et lui donnent une origine postérieure aux campagnes de César; car ce n'est pas dans un camp dressé à la hâte pour mettre à l'abri d'une attaque imprévue, des troupes harcelées continuellement par un ennemi qui défendait sa liberté avec toute l'énergie du désespoir, que l'on pouvait songer à employer à profusion, les marbres de Paros et les richesses de l'Orient. Le monument de la Motte-du-Ciar, n'a donc pu être élevé que sous la domination romaine, alors que la Gaule était devenue province de l'empire.
L'exiguïté de son emplacement ne permet pas d'admettre, même pour un instant, qu'il ait été primitivement le camp de César. D'après M. Lallier, il n'avait que 396 mètres de long sur 198 mètres de large : c'est à peine si une cohorte aurait pu s'y placer.