Louis XIV passa cette porte, par laquelle bien d'autres puissants personnages firent leur entrée solennelle à Sens
Une gravure de 1630 ci-dessous, la représente à côté de la Grosse tour.
Gratien-Théodore Tarbé nous fait remonter le temps... (publié 1838)
La porte d’ Yonne , en face du pont bâti sur la rivière de ce nom, était autrefois un gros corps de bâtiment construit en pierres de taille, sans aucun ornement d'architecture. Le grand corps-de-garde établi dans cet édifice, était aussi consacré aux démonstrations anatomiques. A côté de l'escalier qui conduisait au-dessus, il y avait un poteau sur lequel étaient représentées si grossièrement trois fleurs de lis, qu'on les prenait pour des crapauds; de-là, dit-on, vient le sobriquet donnés aux habitants de Sens; mais d'autres prétendent avec raison qu’ils le doivent aux nombreux marais, aux ruisseaux et aux fossés bourbeux dont les murs de la ville étaient autrefois environnés.
Depuis la construction du pont d’Yonne terminé en 1742, on a détruit l'ancienne porte d'Yonne. parce qu'elle ne se trouvait plus dans l'alignement ni du pont ni de la Grande-rue. La nouvelle fut élevée par les soins de M.r Sallot, maire de ville alors.
Voir la rubrique sur ce site consacrée à
L'ingénieur Germain Boffrand qui reconstruit le Pont de Sens, de 1739 à 1742
Cette porte autrefois était celle par laquelle se faisaient les entrées solennelles des rois, des princes et des archevêques.
Cardinal Antoine Duprat (1463-1535)
Ecole Française
http://www.repro-tableaux.com/a/chateau-de-beauregard.html
L'entrée du cardinal Duprat eut lieu par cette porte , le 6 août 1535.
Charles IX de France 1550-1574,
d'après François Clouet, Versailles, Musée national du château.
Le 14 mars 1563, le roi Charles IX fit son entrée dans cette ville par la même porte. Vis-à-vis de l'église de Sainte-Colombe, dans la Grande- rue, la fille du sieur Pierre, grenetier, montée sur une estrade qui avait été dressée à cet effet , et que l'on avait décorée de fleurs de lis, lui présenta un bouquet, et lui récita plusieurs vers français, composés par le sieur Lescheneau, avocat en cette ville.
Henri de Lorraine, 3e duc de Guise, dit « le Balafré »
31 décembre 1550 - 23 décembre 1588, château de Blois
Musée Czartoryski à Cracovie
En 1585 , le duc de Guise avait fait passer son armée sur les ponts de Sens, et il déjeûna dans le corps-de-garde de la porte d’Yonne, où le maire lui avait fait apporter des vivres et du vin. Il parut satisfait et ne voulut point entrer dans la ville. Le roi avait défendu, qu'on le laissât passer, mais il y passa... Le maire ne put guère, s'y opposer: le duc était gouverneur de la province.
Charles Ier Gonzague 1580 -1637, Duc de Nevers
Peintre inconnu année 1620
Le 23 août 1618, le duc de Nevers, nommé gouverneur de la même province, fit son entrée à Sens par la même porte.
Louis XIV en 1661 par Charles Le Brun.
Tableau du Château de Versailles
À 23 ans, il décide de prendre réellement le pouvoir en devenant monarque absolu.
Le 25 octobre 1658, Louis XIV se rendant de Paris à Dijon, fit aussi son entrée à Sens par la porte d'Yonne. Les habitants de Sens, sous les armes, étaient allés au devant de lui jusqu'à Sainte-Colombe. La salve de mousqueterie qu'ils firent effraya si vivement les chevaux des deux carrosses occupéspar les filles d'honneur de la reine mère qu'elles manquèrent de se noyer dans la rivière d'Yonne qui était alors débordée. Le roi fut reçu par le maire et par M.r de Gondrin, archevêque de Sens qui le haranguèrent. La Grande-rue était toute tendue de tapisseries jusqu'à la Cathédrale.
Le lendemain le jeune monarque (il n'avait alors que vingt ans et n'était pas encore marié), voulu se faire voir à son peuple, et il se promena
l'après-midi dans la ville, monté sur un petit cheval et accompagné de plusieurs seigneurs de son âge. Quoiqu'il neigeât beaucoup, pour le divertir, on avait mis des poissons, dans les ruisseaux qui circulaient dans les rues de la ville.
l'après-midi dans la ville, monté sur un petit cheval et accompagné de plusieurs seigneurs de son âge. Quoiqu'il neigeât beaucoup, pour le divertir, on avait mis des poissons, dans les ruisseaux qui circulaient dans les rues de la ville.
Le soir, le capitaine-commandant de la bourgeoisie vint demander le mot d'ordre pour les rondes au capitaine des gardes. Le roi le voulut donner lui-même à cet officier. Le lendemain il entendit la messe au couvent des Pères Jésuites, et ordonna que les habitants qui devaient le reconduire, fussent sans fusils ni mousquets , mais portassent seulement leurs épées au côté , à cause du malheur qui, avait manqué d'arriver la veille aux filles de la reine. Il sortit par la porte Commune et se rendit ensuite à Joigny.
Le 29 mars 1683, le même prince fit encore son entrée a Sens par la même porte.
Mehmed Said Efendi à Paris en 1742.
Joseph Aved , Musée de Versailles .
Le 17 août 1621, Méhémet Effendi, ambassadeur turc, entra en pompe par la porte d'Yonne. Cinquante dragons du régiment d'Orléans , alors en garnison à Sens, allèrent au-devant de lui jusqu'à Villeneuve-la-Guyard avec la maréchaussée. Arrivé sur les fossés de St-Didier, il fut salué d’une salve de six pièces de canon. La bourgeoisie en armes l'accompagna jusqu'à l'hôtellerie de la Levrette (1) , où il descendit à neuf heures du matin. Le maire , a la tête du corps de ville, le harangua. On lui présenta ensuite des massepains , des tourtes en confiture et des confitures sèches. On ne les accompagna ni de vin ni de gibier , suivant les ordres que l'on avait reçus, et pour cette raison, on les présenta dans des corbeilles, et non dans des plats d'argent. Le lendemain matin , à quatre heures , l'ambassadeur, escorté de la bourgeoisie et des cinquante dragons, sortit de la ville et partit pour Dijon.
(1) Cette auberge était dans la maison de Mr Hattier fils , fabricant de chandelles, grande-rue.
Le Dauphin Louis de France (1729-1765), fils de Louis XV
Dessin anonyme
Versailles ; musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Le 28 décembre 1765, l'entrée du corps de monseigneur le Dauphin eut lieu une première fois par la porte d'Yonne qui était toute tendue en noir , et pour la seconde fois par la même porte, le 8 décembre 1814, lors de sa réinhumation.
Etienne-Charles (1727-1794), cardinal de Loménie de Brienne
Ecole française
Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon
Monseigneur l'archevêque de Loménie fit aussi son entrée solennelle par cette même porte, le 3 mai 1790.
Source
Recherches historiques et anecdotiques sur la ville de Sens, sur son antiquité et ses monuments / recueillies et rédigées par M. Théodore Tarbé
Auteur : Tarbé, Gratien-Théodore Date d'édition : 1838
Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LK7-9304
Lien: http://books.google.fr/books?pg=PA402&id=CMhiB4q99IMC&hl=fr#v=onepage&q&f=false aller à la page 396